En 2025, malgré les outils collaboratifs et les chartes
d’efficacité qui fleurissent dans les entreprises, la "réunionite" n’a pas
disparu.
Selon le rapport Fellow (mai 2025) sur les tendances du travail
collaboratif, les salariés passent encore près de 31 heures par mois en
réunions considérées comme non essentielles¹. Dans les environnements hybrides, ce chiffre grimpe jusqu’à 38 h.
Le constat est clair : si la pandémie avait poussé à “réinventer les réunions”, la réalité montre qu’elles se sont simplement déplacées — du bureau à l’écran — sans perdre leur inefficacité chronique.
1. Un symptôme d’un problème managérial plus profond
L’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) l’a
rappelé dans son rapport 2025 sur les pratiques managériales : les
organisations qui peinent à déléguer, clarifier les rôles et responsabiliser
leurs collaborateurs sont aussi celles qui multiplient les réunions².
Autrement dit, la réunionite n’est pas qu’un problème de calendrier : c’est
un problème de culture managériale.
« Les organisations qui multiplient les réunions sont souvent celles qui n’ont pas défini clairement qui décide de quoi », souligne le rapport IGAS.
Cette “réunion de validation permanente” traduit une peur du lâcher-prise et une absence de confiance dans les circuits décisionnels.
2. Des recherches récentes éclairent les mécanismes de la réunionite
-
Des recherches récentes (AreWe On Track?, 2025) testent des assistants IA capables de détecter les digressions en temps réel pendant une réunion³.
Si ces outils peuvent, en théorie, aider à maintenir le cap, ils posent d’importants défis éthiques et juridiques (RGPD, transparence, consentement).
Pour l’instant, mieux vaut privilégier des approches humaines : animateurs formés, “timekeepers” volontaires, ou outils d’auto-évaluation non intrusifs. - Dans “Catalyzing Meeting Intentionality” (mai 2025), des chercheurs démontrent que demander à l’organisateur d’énoncer clairement ce que serait une réunion “réussie” (en une phrase) réduit la durée moyenne de 22 %⁴.
👉Ces travaux confirment une idée simple : les réunions ne sont pas trop nombreuses par hasard, elles le deviennent faute d’intention, de clarté et de discipline collective.
3. Le ressenti des salariés : “Je n’ai plus de temps pour le vrai travail”
Sur le terrain, le malaise est bien réel.
Le Point rapportait en mai 2025 que “certains cadres passent plus de 4
heures par jour en réunion, souvent sans prise de décision concrète”⁵
Les conséquences ? Fatigue cognitive, perte de concentration, sentiment
d’improductivité et frustration grandissante.
Ce n’est pas seulement une perte de temps : c’est une érosion
du sens du travail.
Dans un contexte où les salariés cherchent davantage de “temps de qualité” pour
créer, décider et exécuter, la réunionite devient un frein à la motivation et à
la performance.
4. Les leviers concrets pour en sortir
Voici quelques idées pour retrouver des réunions productives et alignées sur les réalités du travail hybride et de l’IA collaborative :
Objectif |
Bonne pratique |
Inspiration |
Limiter le volume global |
Imposer un plafond hebdomadaire : ex. 8h de réunions maximum par collaborateur (hors exceptions). |
Fellow, 2025 |
Clarifier l’intention avant d’inviter |
Exiger de chaque organisateur qu’il définisse : “Quel est l’objectif concret de cette réunion ?” et ce qui ferait pour lui que cette réunion serait réussie. |
Catalyzing Meeting Intentionality, 2025 |
Assurer l’inclusivité des échanges |
Vérifier que chaque participant s’exprime (par tour de table ou outils d’engagement). |
ACM Study, 2024 |
Limiter la taille et la durée |
6 participants maximum et 30 min par défaut (règle de “6×30”). |
Forbes, mars 2025 |
Valoriser la synthèse et le suivi |
Une réunion sans compte rendu d’action est une réunion qui n'a jamais existée. |
IGAS, 2025 |
Conclusion
La réunionite n’est pas un virus récent, et aucun outil ne l’éradiquera à lui seul.
Si elle persiste, c’est parce qu’elle repose sur des travers profondément humains : le besoin de se rassurer collectivement, le flou des rôles, ou l’habitude de “se voir pour avancer”.
Mais face à des journées saturées, la solution ne tient pas à l’IA ou aux plateformes dernier cri : elle tient à des principes intemporels — ceux qu’on enseigne depuis toujours en management.
Préparer, décider, agir, et respecter le temps des autres.
C’est peut-être moins “innovant” qu’un assistant IA, mais c’est infiniment plus durable ! C'est savoir choisir quand se réunir, pourquoi, et avec qui.
La modernité, en 2025, ce n’est donc pas de supprimer les réunions :
c’est de retrouver la rigueur du collectif, celle qui fait gagner du temps, de la clarté et de la confiance.
Sources
¹ Fellow — “Meeting Statistics and Behavior Trends for 2025”, mai 2025. ↩
² Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) — Rapport sur les pratiques managériales, mars 2025. ↩
³ arXiv — “AreWe On Track? AI-Assisted Active and Passive Goal Reflection During Meetings”, avril 2025. ↩
⁴ arXiv — “What Does Success Look Like? Catalyzing Meeting Intentionality with AI-Assisted Prospective Reflection”, mai 2025. ↩
⁵ Le Point — “Quand la réunionite sabote le vrai travail”, 26 mai 2025. ↩